29/12/2016

Chapitre #25: Coming out

S'il y avait bien une chose qu'on ne pouvait pas reprocher à Akim et Félicité, c'était la façon dont ils prenaient soin de leurs enfants. Ils les connaissaient si bien, qu'aucun d'entre eux ne pouvait passer une période difficile sans qu'ils ne s'en rendent compte. Si bien que quand Kilian commença à s'isoler, et à se détourner des activités familiales, ils commencèrent à avoir des soupçons.
"Crois-tu qu'on devrait aller lui parler? demanda Félicité à son mari.
-Il vaudrait mieux. Mais il est préférable que ce soit toi qui y ailles. Il a toujours eu une certaine sensibilité, et je crois que tu t'y prendras mieux que moi... Il n'est pas comme Gabriel."

Félicité hocha la tête en apportant deux tasses de café. Ce n'était peut-être rien, mais elle avait toujours pensé que le dialogue était le meilleur des remèdes.
Mais Kilian n'était pas à la maison à ce moment-là, c'est pourquoi sa mère ne le trouva pas immédiatement. Kenny lui avait envoyé un message, et il n'avait pas pu résister à la tentation d'aller au rendez-vous: il ne savait pas ce qu'il lui voulait exactement, mais... il voulait le revoir.

"Je... Je suis vraiment désolé, pour... pour l'autre fois, dit-il précipitamment en apercevant son ami."

Kenny secoua ses mains devant lui, en signe de dénégation.

"Non, c'est moi je... je n'aurai pas du... enfin..."

Il semblait tout aussi gêné que lui.
Au fond de lui, Kilian sentit un peu d'espoir naître et briller. Si Kenny était tout aussi mal à l'aise, alors peut-être que... que leurs intentions avaient été les mêmes.

"Est-ce que tu... tu en avais envie? demanda Kilian avec maladresse."

Kenny haussa les épaules.

"Je ne sais pas... sans doute, oui. Et tu... tu m'as fait du bien, j'ai vraiment aimé ça. J'aurais voulu que ça dure plus longtemps."

Le rouge monta aux joues des adolescents, lorsque, à nouveau, une force irrésistible s'empara d'eux, et qu'ils s'embrassèrent.
Un sourire, puis un regard plus tard, ils surent tous les deux qu'ils étaient beaucoup plus lucides que la dernière fois, et que tout ce qui allait se passer à présent, serait le fruit de leur volonté à chacun.

Kilian lui prit la main.

"Viens chez moi... Mon frère n'est pas là, j'ai la chambre pour moi tout seul."

Kenny hocha la tête, et ils retournèrent au centre-ville. Une fois à l'intérieur de la maison, il leur fallut grimper les escaliers sur la pointe des pieds. Personne ne devait savoir qu'ils étaient là, sinon, ils ne seraient jamais tranquille.
Kilian referma la porte à clé derrière eux: il était bien heureux de constater que les compétences en bricolage de Gabriel lui étaient utiles...

Il se jeta ensuite dans les bras de son ami, en étouffant un rire. Il se sentait bien, tout simplement. Depuis leur conversation à l'extérieur, un immense poids s'était ôté de ses épaules, et il lui semblait que plus rien d'autre ne pourrait venir entacher ce bonheur.

Ils s'allongèrent au sol, sur le tapis moelleux et confortable.

"Tu te rappelles, ce que tu m'as fait l'autre jour... murmura Kenny. Je veux... je veux qu'on aille plus loin..."
Kilian se contenta de hocher la tête, et l'embrasser partout où sa peau n'était pas recouverte par un bout de vêtements. Mais cela ne leur suffit  bientôt plus, et leurs habits furent projetés, un à un, dans le panier à linge qui était juste à côté d'eux.

C'était comme l'après-midi qu'ils avaient passé dans les douches. Sauf que cette fois-ci, c'était beaucoup plus excitant. Ils eurent tout le temps qu'il leur fallait pour s'observer et se toucher. C'était étrange de toucher le corps d'un autre garçon. C'était un toucher bien différent de quand on effleurait sa propre peau, et pourtant, ce contact restait agréable. Kilian avait l'impression de découvrir de nouvelles sensations, et des endroits qu'il ne soupçonnait même pas sur son propre corps.

Naturellement, il se retrouva bientôt dans le dos de son ami, et il comprit qu'il avait envie de lui faire l'amour.

Longtemps. Passionnément.
Mais il se trouva que Kenny avait les mêmes envies. Bientôt, ce fut Kilian qui se retrouva devant, les mains collées au mur et le bassin en arrière. Ils allaient et venaient, échangeaient leur rôle autant de fois qu'ils le purent.

Les sensations étaient tout le temps différentes, selon qu'on avait envie de donner, ou bien de recevoir.

Une dernière fois, l'adolescent prit son ami contre lui, et le fit s'asseoir sur son sexe. Cette fois-ci, ils pouvaient se voir, ils pouvaient se plonger dans le regard l'un de l'autre.

Kenny l'embrassa dans un dernier gémissement, et lui caressa la joue.
Leur dernière étreinte dura un moment. Peut-être quelques minutes, peut-être même une heure. Le temps passait vite, quand on était avec la personne qui acceptait de tout voir de nous.

Ce fut avec tristesse et déception que Kilian accepta de se séparer de la chaleur de son corps.

"Il va falloir que j'y aille... J'ai promis à ma mère qu'on conduirait ensemble en fin d'après-midi.
-Bientôt le permis, approuva Kenny en se rhabillant."

Un peu chamboulés, ils se dirent au revoir sur le pas de la porte, d'un signe de main.
Kilian retrouva rapidement Félicité, qui terminait de pendre la lessive propre dans le garage.

"Tu es prêt? demanda-t-elle.
-Oui.
-Alors c'est parti!"

Ils s'installèrent chacun à 'lavant du véhicule, et Kilian démarra. L'habitacle était beaucoup plus silencieux qu'à son habitude: l'adolescent était totalement plongé dans ses pensées, et sa mère ne savait pas comment lui demander si tout allait bien.
"Arrête-toi là, s'il te plaît! demanda Félicité en indiquant une place de parking sur le côté."

La voiture se rangea près du trottoir, et ils sortirent pour s'aérer un peu.

"Kilian, je... ton père et moi, on se demandait si tout allait bien. Tu as l'air renfermé sur toi-même depuis quelque temps, on s'inquiète. Tu sais que tu peux nous parler de tout."

L'adolescent sursauta, il ne s'attendait pas à ce qu'on lui tienne ce genre de discours. Il haussa les épaules.

"Je ne sais pas. J'ai l'impression... de ne pas être normal."
Félicité posa la main sur son épaule, et ils décidèrent de poursuivre cette conversation à la maison.

"Personne n'est jamais normal tu sais, on est tous différent les uns des autres.
-Mais tous mes potes commencent à sortir avec des filles, et pas moi.
-Ton tour viendra.
-C'est pas ça... Je... c'est comme si j'aimais les garçons. Enfin non. C'est juste... c'est juste qu'il y a un ami, que j'aime un peu plus que les autres."

Un silence s'installa quelques secondes entre eux.

"Je sais que ça a l'air stupide, reprit-il, mais...
-Ce n'est pas stupide du tout. Tu as le droit de choisir, et d'aimer qui tu veux, sache-le. Pour ton père et moi, l'important c'est que tu sois heureux."

1 commentaire:

  1. J'espère que Kilian et Kenny vont stabiliser leur relation et former un vrai couple, et, qu'ils n'auront pas honte de leur amour.
    C'est beau de voir que sa mère ne veut que le bonheur de son fils...

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